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Changements sur "Insérer la matière « Enjeux politique de la santé psychique » en Licence et Master de Sciences Politiques et Sciences Humaines."
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Introduction :
“Le langage de la santé mentale et de la souffrance psychique est devenu un des vecteurs les plus commodes pour parler communément des tensions sociales ou de troubles existentiels. La politique de la prise en charge du trouble psychique devient ainsi un enjeu symbolique et sociétal” – Lise Demailly [1]
“La santé mentale, ça peut être, je dirais à l’opposé, ce par quoi l’on désigne une gestion autoritaire, sécuritaire du désordre et l’injonction du bien-être imposé, normé. Chaque citoyen serait alors mis en demeure de devenir son propre entrepreneur de santé, quitte à embarrasser ou endommager celle de son voisin…” [2]
Aujourd’hui la santé psychique en France en 2023 c'est…
- 13 millions de personnes concernées chaque année par un trouble psychique [3]
- 1/5 personne connaitra au moins une dépression au cours de sa vie
- 1 suicide toutes les 40 minutes [4]
- 13 % environ des enfants et adolescents qui présentent au moins un trouble psychique [5]
- si le manque de données concernant la situation française rend difficile l’estimation des effectifs concernés, on peut néanmoins estimer qu’environ 1,6 million d’enfants et adolescents souffrent d’un trouble psychique
- Seulement 32,6 % des personnes souffrant l’année précédente d’un trouble psychique courant qui ont bénéficié de l’aide de professionnels de santé [6]
- Les troubles psychiques sont le premier poste de dépense de l’Assurance maladie.
Mais pas que… En effet, au-delà du champ curatif, la santé psychique est un domaine fortement marginalisé au sein des études de sciences politiques et sciences sociales. Bien que des avancées notables aient été réalisées dans le champ curatif et médical, la santé mentale dépasse largement ces dimensions, touchant des aspects fondamentaux de nos systèmes politiques, sociaux et démocratiques.
La santé psychique influence des concepts clés tels que la liberté individuelle, l’égalité des chances, la participation citoyenne et la cohésion sociale. Les décideurs publics, trop souvent dépourvus des connaissances fondamentales en la matière, peinent à concevoir et mettre en œuvre des politiques véritablement inclusives. La méconnaissance des enjeux psychiques peut renforcer les discriminations, accroître l’isolement social ou même compromettre la légitimité des institutions démocratiques dans leur mission de garantir l’équité et le bien-être collectif.
“La question du soin en santé mentale est souvent instrumentalisée dans le cadre d’une pratique émotionnelle de la politique” [7]
Objectifs de la matière :
La matière « Enjeux politiques de la santé psychique » vise à doter les étudiants d’une compréhension transversale des interactions entre la santé mentale et les politiques publiques. L’objectif est d’élargir leur vision au-delà du champ strictement médical pour explorer :
- L’impact sociopolitique des troubles psychiques : effets sur l’emploi, la participation citoyenne, les inégalités et la cohésion sociale.
- Le rôle des décideurs publics dans la prévention, la sensibilisation et la lutte contre les discriminations liées à la santé mentale.
- Les interactions entre santé psychique et principes démocratiques, notamment le respect des libertés, la dignité humaine et l’inclusion sociale.
- Les enjeux internationaux : exploration des différences de traitement des troubles psychiques selon les contextes culturels, économiques et institutionnels.
“La sociologie s’intéresse très peu à la politique publique [de santé mentale]. (…) domaine jusqu’ici peu étudié, peu objectivisé , laissé donc aux échanges entre psychiatres, politiques, administrations de la santé, ministère de l’Intérieur, syndicats et associations professionnelles, associations d’usagers, journalistes, essayistes, Organisation mondiale de la santé (OMS), institutions européennes… dans le silence de la sociologie et des autres sciences sociales (économie, sciences politiques)” [8]
Contenu pédagogique :
Cette matière, intégrée en licence et en master, se veut interdisciplinaire. Elle s’appuie sur des approches issues des sciences politiques, de la sociologie, du droit et des études de santé publique. Parmi les thématiques abordées :
- Santé mentale et démocratie : comment les troubles psychiques influencent-ils la participation électorale ou la capacité de délibération publique ?
- Santé psychique et liberté individuelle : implications des troubles sur l’autonomie des individus et réponses juridiques adaptées.
- Politiques publiques et inclusion : analyse critique des dispositifs nationaux et internationaux en faveur de la santé mentale.
- Enjeux économiques et stratégiques : poids des troubles psychiques sur les budgets sociaux et médicaux, et stratégies de prévention à adopter.
Apport pour l’IEP et ses étudiants :
En intégrant cette matière, l’IEP se positionnera à la pointe des débats contemporains en formant des étudiants capables de penser et d’agir face à l’un des défis majeurs du XXIᵉ siècle. L’enjeu n’est pas seulement de former des spécialistes en santé mentale, mais des acteurs éclairés, conscients de l’importance de ces problématiques pour la gouvernance, la gestion des ressources humaines, ou encore la promotion de sociétés inclusives.
l’institut affirmera son rôle de précurseur dans la réflexion politique, sociale et humaine des grands défis contemporains.Les futurs décideurs publics, diplomates, juristes ou gestionnaires de politiques sociales auront, grâce à cette formation, une vision nuancée des défis liés à la santé psychique. Ils seront en mesure de promouvoir des politiques innovantes, éthiques et respectueuses des libertés fondamentales.
[1] DEMAILLY Lise dans DEMAILLY Lise & AUTES Michel (2012) (sous la dir. de), La politique de santé mentale en France : acteurs, instruments, controverses. Armand Colin, France, Première édition (13 juin 2012), 232 p, p. 7.
[2] LAUNAT Dominique (2017), “Quelle politique en santé mentale”, in Pratiques en santé mentale, Vol. 63 n° 2 (63e année), Santé mentale France, France, (pp. 57-58). DOI : 10.3917/psm.172.0057. URL : https://www.cairn.info/revue-pratique-en-sante-mentale-2017-2-page-57.htm
[3] PORTA BONETE Florian & VAUTARD Aurélien (2024) (sous la dir. de), La santé mentale en France. LEH Edition, France, Première édition (22 mai 2024), 792 p.
[4] PORTA BONETE Florian & VAUTARD Aurélien dans PORTA BONETE Florian & VAUTARD Aurélien (2024) (sous la dir. de), La santé mentale en France. LEH Edition, France, Première édition (22 mai 2024), 792 p, p. 20.
[5] Cour des comptes (2023), Entité et politiques publiques - La pédopsychiatrie : un accès et une offre de soins à réorganiser, 141 pages, p.7. Consulté le 17 août 2024 via : https://www.ccomptes.fr/system/files/2023-03/20230321-pedopsychiatrie.pdf
[6] Caisse nationale d’assurance maladie, “La “Cartographie”, Une analyse médicalisée des dépenses remboursées par l’assurance maladie sur la période 2012-2016”, version juillet 2018 (G5).
[7] DEMAILLY Lise dans DEMAILLY Lise & AUTES Michel (2012) (sous la dir. de), La politique de santé mentale en France : acteurs, instruments, controverses. Armand Colin, France, Première édition (13 juin 2012), 232 p, p. 7.
[8] DEMAILLY Lise dans DEMAILLY Lise & AUTES Michel (2012) (sous la dir. de), La politique de santé mentale en France : acteurs, instruments, controverses. Armand Colin, France, Première édition (13 juin 2012), 232 p, p. 8.
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